Outre les cours que j’ai monté moi-même, je donne quelques cours dans un centre; les clients de ce centre ne m’ont pas choisi, je remplace une super prof et amie partie en vadrouille dans le vaste monde. Ces élèves ont perdu cette super prof, et ils m’ont moi à sa place. C’est très différent de mes pilateux, ceux qui suivent les cours que j’ai monté dans mon quartier, qui verbalisent tout le temps, se font la bise, prennent des nouvelles les uns des autres, etc. J’accueille chacun, je me sens accueillie par le groupe, ils ont du plaisir à bosser avec moi et à se retrouver entre eux. Avec ceux du centre, la relation est nettement plus clients-prof, je ne sais jamais où me situer, si le cours a convenu, si le niveau est le bon (si on m’aiiiime, voilà ce que crie l’égo). C’est très inconfortable, ça me désécurise.
J’ai d’abord vécu une période de deux mois de suradaptation, très fatigante. C’est déjà prenant quand tu t’adaptes constamment à un interlocuteur, mais avec des groupes, c’est … intenable sur le long terme. Il suffisait que quelqu’un soupire un peu trop fort, que je ne voie pas de sourires, que je n’entende pas de commentaires positifs pour que je tente une nouvelle approche, que je demande si tout va bien. Lourd pour moi, et lourd aussi pour les autres, cette tension se transmet, elle est envahissante. D’autant que chacun est libre de vivre mes cours comme il le souhaite, dans la joie, dans le sérieux, seul, en groupe, voire même de changer de cours. Heureusement, après m’être laissée balloter par mes propres interrogations et incertitudes, j’ai fini récemment par calmer mon questionnement et me contenter d’amener du nadia à mes cours.
J’aurais pu rester moi-même dès le début, ne pas me laisser balloter par toutes ces incertitudes, simplifiant de beaucoup le processus. Cependant, je crois que ce chemin m’a permis de ne pas rester sur des acquis, de redonner un peu de souplesse à mon égo, d’évoluer et qu’il est bon de naviguer en partie dans des zones d’inconfort et en partie dans des zones connues et agréables. Il me semble que c’est cette balance entre sécurité et insécurité qui permet la remise en question au quotidien, là où tu grandis harmonieusement, sans écraser les autres.
Un peu d’inconfort est sain, en dosage différent selon chacun et selon les moments de vie. Et toi, c’est quoi ta dose?
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