Il y a bien un jour où c’est celui des dernières fois: dernière causette à la cafet, dernier bip de badge, dernier mail avec l’adresse de l’entreprise, … ça pourrait être triste si il n’y avait pas l’énorme vague de joie née de la dernière séance du lundi.
J’ai tellement détesté ces séances et leur tour de table qui semble faire la circonférence du tour du monde, égrenant des sujets usés passés en revue inexorablement dans l’ordre, de la même manière fatiguée. Un réel challenge intellectuel mais aussi physique, puisqu’il faut savoir rester assis plus de deux heures. Qu’est-ce que le Rien? Probablement une version colorée et chantante d’une séance du lundi. Je suis sûre qu’en se concentrant bien fort, au centre de cet ennui, dans ce Rien total de la séance du lundi, on peut apercevoir Dieu se passant le fil dentaire ou toute autre action qui s’accomplit mollement. Assez régulièrement, je suis sortie de mon corps, errant entre l’auto hypnose et le monde des limbes, pour retrouver brusquement dans un soubresaut mon corps avachi et mes fesses endolories. Après ces deux heures qui avaient objectivement duré deux mille ans, je m’attendais à trouver bien des changements;de la téléportation assistée par GPS aux chemouches (cheval mouche, grand, sauvage et toujours collé aux fenêtres) et autres poules (poumoule, on en aurait plein les cheveux, ça sentirait à force).
Bref, le jour merveilleux qui sonna la fin des séances a fini par arriver comme Zorro, et chaque dernière action me ramenait à cette nouvelle réalité. Quand la RH me demanda, étonnée de mon grand sourire à l’entretien de sortie : « Tu es contente de partir…? » J’ai répondu OUI et c’est à la vie sans séance du lundi que je m’adressai.
OUI viens à moi la vie où je me lève le matin avec une idée et je n’ai pas à attendre pour la réaliser. OUI à cette suite sans supérieur hiérarchique. OUI à ma liberté retrouvée de me planter et d’apprendre de ça. Et puis je suis allée rendre mon ordinateur, mon badge et ma clé de bureau.
Prends ça dans ta face, la séance du lundi: je me suis levée et je t’ai quittée.
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