Pour la première fois, si on excepte cette expérience avec un poney quand j’avais 7 ans et qui s’est soldée par une inimité partagée.
Quel con ce poney aussi (ne te fie pas à l’image, il cache bien son jeu) il m’a écrasé le pied, je lui ai hurlé dans l’oreille, il m’a mordu, je lui ai hurlé dans l’autre oreille. Par consensus mutuel, je ne suis pas montée dessus.
Je dois quand même préciser que toute mon enfance, j’ai voulu être vétérinaire. C’était surtout pour la dimension télépathique, forcément j’allais développer des supers pouvoirs, je parlerais politique internationale avec tous les animaux, et au passage je leur poserais un sparadrap ou deux, selon le besoin. Tout ça pour dire, que les animaux et moi- et surtout dans l’autre sens, ne nous voilons pas la face- ça ne date pas d’hier. J’aime les chiens, les chats, les serpents, les crocodiles, les loups, les oiseaux, et comme y en a vraiment beaucoup je m’arrête là. L’autre jour, j’ai déposé un escargot dans l’herbe parce qu’au milieu du bitume un jour de soleil, il risquait sa vie. J’ai 44 ans. Je parle aux oiseaux sur ma terrasse, je fais un stop tous les matins juste avant de badger au job pour donner le temps au chat du quartier de venir déposer ses phéromones et ses poils sur mes jambes, et je peux passer dix minutes à négocier avec une abeille pour qu’elle sorte indemne de chez moi. Vous voyez le tableau.
Je n’en ai pas (d’animal, ni de tableau d’ailleurs) parce que j’habite un appart au 9e étage, et qu’ils ne pourraient pas sortir, mais si ça tenait qu’à moi, vous m’appelleriez Noé. Noée vu que je suis une dame.

C’est à peu près pour la même raison d’ailleurs que je n’étais jamais montée sur un cheval. Je savais que j’allais lui proposer de recommencer, dès la ballade finie, afin qu’il grimpe sur mon dos cette fois-ci.

Bref, je suis montée sur le cheval, Punky, très sympa, 5 ans, 450 kg. C’est haut un cheval, quand t’as plutôt l’habitude d’une chaise ou d’un canapé… Tu vois bien qu’il est grand, mais quand on te met un pied dans l’étrier, et qu’on te demande de lever l’autre jambe tout en haut, là, tu prends la mesure de la chose.

C’est pas tout ça, parce qu’une fois solidement assise, et contrairement au canapé, il s’est mis à bouger…. Si toi aussi tu as des petits soucis avec ce que tu ne maîtrises pas, lève la main! Mon fils (de 17 ans, parfaitement à l’aise lui) parlait, parlait et parfois même attendait une réponse de ma part. « Je te réponds dans dix minutes, quand je me suis détendue, ok? »
La peur était au niveau de mes yeux. Je suis coach, je sais quand même me poser les bonnes et bizarres questions. Je fermais les yeux, mon corps se ballotait au rythme du cheval, avec un sentiment agréable et léger, les oiseaux chantaient, je me laissais littéralement porter. J’ouvrais les yeux et j’entendais très clairement mon cerveau : « On va mourir, on va mourir, laissons-nous tomber directement sans chichi, comme ça c’est fait! »

Ma solution? « ok, j’ai peur, mais je ne suis pas uniquement cette peur, je suis aussi cette personne qui apprécie ». Mettre à distance, unifier les deux parties, respirer, ça m’a calmée. Merci la méditation!

La suite est une balade d’une heure, dont mes adducteurs se sont souvenus le lendemain encore, et 5 minutes de pur bonheur. Quand je suis descendue. Et que j’ai enfin pu avoir une petite conversation intime avec Punky, le remercier, le caresser, et qu’il m’a rendu la pareille, version équidé. Au final, et sans jugement pour ceux qui apprécient, je n’aime pas monter sur la colonne vertébrale de quelqu’un, même si il est plus grand plus gros, je n’arrive pas à être à l’aise avec ça. Mais oui pour le brosser, le promener et causer autour d’un petit café-carotte.